6 février 2013

« invraisemblable »


Voilà un mot prononcé par une personne du service juridique du CNC lors de notre conversation téléphonique de ce jour, le 5 février 2013. En substance elle m'a conseillé de prendre un avocat vu que l'affaire commence à dater et que l'inspection du travail de Paris n'a pu continuer son enquête faute d'adresse de la production n°7. Dossier transféré, et enterré semble-t'il. Il aurait fallu des contrats selon elle. À ça j'ai répondu que j'ai été bien con mais que j'ai eu envie d'y croire, d'autant que ça a été l'occasion de faire de bonnes photos (ça me motivait et quelques-unes sont très bonnes, dont une de toi). Et ce même si ça partait mal à l'initiative de ta mère qui t'a fait passer le casting et le premier jour de tournage sans me prévenir.

Donc avec cette personne du service juridique du CNC nous nous comprenions, trouvant ce travail comme du travail mais pas assez rares pour elle, ces gens qui le font sans contrats. C'est son milieu professionnel. Pour d'autres c'est l'occasion d'une vie tout à fait extraordinaire, une chance inouïe, faire du cinéma avec un « réalisateur renommé ». Rien à voir avec du travail à la chaîne. Pourtant ça passera peut-être un ou deux soirs à la télévision, après le boulot affalé sur le canapé. Mais je n'ai pas envie de prendre un avocat pour une question d'argent. J'avais envie que Manuel tienne les paroles qui nous ont fait rester quand il était question d'arrêter en plein milieu du film. Il s'en passe des choses aventureuses lors d'une entreprise cinématographique. Il a été question de « communisme » et de « partage juste et équitable » ; des mots envoyés en l'air en plein tournage, plus que de l'utopie pour le producteur, beaucoup plus, c'est à dire ensuite rien du tout. Peut-être des mots comme ceux du député autour d'une coopérative au marché de Bourg. Et puis chez Reel Suspects dont le catalogue est douteux, pour y trouver des enfants pas si grands. Peut-être que son 110 ou 111 eme long-métrage semblait habituel à Yorgos, un vieux de la vieille qui m'a dit : dans le cinéma 15 minutes de pause casse-croute ensemble, c'est du jamais vu, c'est pas comme ça que ça se passe.

Le mal est fait, qu'il ne dure pas pour toi la prunelle de mes yeux, toi que j'aime le plus tendrement au monde, toi qui enchantait notre quotidien de petits bonheurs simples comme Pioupiou ou chanter tralalala prout prout ! De 3 ans à 5 ans, une semaine sur deux et un peu plus juste tous les deux, toute petite famille tant aimée à côté de l'autre dramatiquement ratée. Et toutes ces après-midi où tu devais aller à l'école, toutes ! Mais pas un matin en retard ces années de maternelle, sauf ta dernière. D'ailleurs presque tout l'été de tes 4 ans lors du tournage de « Tom le cancre » nous travaillions ensembles, dans la même grande équipe, toutes tes vacances en ratant la rentrée. L'année d'avant aussi nous travaillions ensemble, mais une semaine sur deux à l'atelier et aux marchés avec notre stand pour faire des portraits. Depuis 1993 le métier que j'ai le plus exercé est celui de l'art du portrait en photographie noir et blanc, et mes plus nombreux et meilleurs modèles sont des enfants,  mes clients ou ceux des boutiques où je travaillais étant leurs parents, ces saisons où avec le patron on s'entendait, le contrat étant une formalité, la négociation une option préférable, parfois difficile à s'engueuler, et c'est arrivé, avortée.

Quand Mila dort, son silence règne.
Nous partagions notre vie Mila, ce n'est plus maintenant le cas. Ce n'est pas pareil quelques jours de ta vie qu'une bonne moitié des jours de ta vie, ce n'est pas égal même si on te dit que c'est normal, on ne va pas te le faire croire naturel. J'aimerais que ta mère habitant à 4 kilomètres d'ici oublie avoir maintenu sa requête que nous ne nous voyions qu'en lieu médiatisé, déjà que je ne peux plus faire de choix te concernant, ce qui n'est pas invraisemblable selon notre juge Mila, et selon ta maman je ne suis même pas sensé passer te dire bonjour à l'école. Je dois me contenter d'être parfois prévenu de ses choix, maintenant de plein droit, c'est ça qui change. Je n'ai pas envie de prendre un avocat pour t'élever Mila, pas plus de prendre un avocat pour être respecté alors que 3 ne l'ont déjà pas fait, ni pour nous, ni pour de l'argent. J'ai envie de te dire bonjour en passant, avec un café offert par ta maman ce serait merveilleux cette habitude, même si ta maman et moi nous ne dormons plus ensemble, nous sommes presque voisins et pour toujours tes parents. Surtout je n'ai pas envie que quelqu'un qui ne t'a pas désiré, ni nourri, ni changé, ni soigné, ni rien d'autre qu'un dossier de plus, donc quelqu'un qui ne sait pas nos vies, qui ne t'aime pas, décide pourtant avec qui tu passes ton temps entre l'école, tes chambres, et tes quelques autres activités, que quelques uns qui ne t'aiment pas décident de ta vie. Je veux Mila qu'on nous laisse vivre, continuer mieux qu'avant que ce putain de film ne vienne foutre la merde ! Et tout ça parce que ta maman ne le veut plus et des mauvaises raisons pour nous l'imposer, mais d'après elle ça n'a absolument rien à voir avec « Tom le cancre », rien. Là, je dis aussi que c'est invraisemblable, car je ne crois pas du tout devoir des excuses au « réalisateur renommé » ; ce qu'elle a essayé de me faire croire sans doute elle-même très convaincue par l'entreprise où elle nous a conduit jusqu'au bout, ce manque de moyens que sa requête en divorce voulait faire constater.

Et cette personne du service juridique du CNC dit que c'est « invraisemblable » qu'il n'y ait pas d'autres parents que moi pour y trouver à redire, ni personne d'autre encore. Une douzaine d'enfants comme toi ayant travaillé sans en avoir vraiment le droit. Mais moi j'ai à dire, jusqu'à crier et insulter très en colère, à me révolter, à en souffrir. Mais rien. Si ça passe sur le journal un coup pour sortir bientôt, un coup pour que les bobines restent dans le placard dans le texte, et titre pour la couverture "un film ardéchois en tête d'affiche". Un père est séparé de son enfant pour de mauvaises raisons, et c'est aussi normal ici-bas que l'intervention de la gendarmerie pour le faire de force. Tu risques de t'en souvenir toute ta vie comme d'un traumatisme profondément enfoui, des cicatrices pour l'un et l'autre cet été suivant l'autre. On pourrait écrire que ce long-métrage est aussi inattendu qu'invraisemblable ce serait égal, et à beaucoup tout aussi normal, même pour nos voisins. C'est la vie, ça ne fait que passer. Un document administratif ignoré par un député n'a pas plus de valeur.

Mila je t'aime, je te respecte, je sais que tu m'aimes, que tu me fais confiance, mais on ne nous respecte pas, on ne nous fait pas confiance, on ne nous aime pas. Et quand je dis "on" ce sont en fait des gens qui ne nous connaissent pas bien, ils nous y obligent vraiment, d'autres qui nous connaissent le leur demandent, ceux qui nous séparent dont une qui te connait comme elle t'a faite, je le dis encore, ils ont de mauvaises raisons, mais si c'est dans un cas aussi de l'amour, il est vache et j'en ai très mal. Je sais que tu le sais et qu'on est bien obligé de l'accepter pour le moment encore. Moments difficiles à passer, mais ça passera, en laissant des traces comme ce film que je n'ai pas vu, et que je n'ai toujours pas envie de voir, non vraiment pas comme j'aime aux larmes pleines te voir toi, rire ces matins là réveillés ensemble.

Souviens-toi Mila, pour toujours là au creux de ton cœur il y a des larmes pleines d'amour déposées par ton papa, arrachées à la prunelle de mes yeux.

3 commentaires:

  1. Nous ne nous connaissons pas vraiment,nous nous sommes seulement croisé une foie à Saint Montan. J'ai eu vent de ce qui vous arrive, ou plutôt de ce que vous avez fait. Vous vous présentez comme une victime du film. Vous vous adressez ci dessus à votre fille de seulement 4 ans, c'est à rien y comprendre. J'ai su qu'au printemps dernier, une dizaine de personnes vous ont vu quitter Saint Montan, en abandonnant votre appartement et toutes vos affaires, sans prévenir la mère de votre fille. Vous disiez alors " je quitte le peuple de la marchandise... ", vous pleuriez et votre fille aussi, du moins c'est que j'ai entendu dire. Ensuite vous êtes parti vers le Sud vivre comme un clochard. Je vous ai entendu dire il y a quelques semaines (ce n'est pas à moi que vous vous adressiez mais j'écoutais, scandalisée) que vous viviez avec votre fille, dehors, sans argent et que vous en étiez très fière...Il me semble alors logique et normal qu'on vous ai retiré la garde de votre fille.
    Je ne vois pas de lien entre le film " Tom le cancre " et la garde de votre fille.

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    1. Bonjour cher anonyme,

      Je ne me présente pas comme victime du film, mais je témoigne des mensonges qui l'entourent (un atelier pédagogique alors que c'était du travail, Manuel Pradal qui m'avait proposé 8.000 / 9.000 € normalement payés à la fin de l'hiver au début du printemps 2012 pour mon travail de photographe de plateau, l'ensemble de l'exercice qui serait mis en conformité avec les lois alors que ce n'est pas du tout l'avis de l'inspection du travail, et le producteur qui me dit "tu n'auras rien" quand je lui demandais d'être au moins en partie payé et des contrats). J'ai été bête de croire sur paroles Manuel Pradal et d'attendre d'être ruiné avant de réagir, très bête, d'où une certaine colère.

      Ma fille a bientôt 6 ans et effectivement je m'adresse à elle comme dans une lettre qu'elle pourra lire plus tard si jamais il m'arrive quelque chose de grave, car je me sens menacé (Franc-Maçonnerie).

      Oui j'ai quitté Saint Montan sur un sacré coup de cœur face au Christ sur la croix, ce que je ne peux pas expliquer n'étant pas pratiquant, mais ce coup de cœur m'a donné le courage de tout abandonner sauf mon enfant. De toute manière j'étais en situation de faillite personnelle, ce que je n'ai pas déclaré étant par ailleurs handicapé administratif, ce qui ne s'arrange pas en ayant conscience que l'État n'est pas vraiment au service de son peuple mais plutôt au service de la dette qu'il a placé au 1er poste de dépenses grâce à la loi de 1973 (loi dite de Rothschild) ce qui est une haute trahison de toute une classe politique si tant est qu'elle en est consciente (Rocard semble en avoir pris conscience).

      Effectivement je n'ai pas prévenu ma femme, lui rendant la réciproque car elle a pour habitude de me mettre sur le fait accompli et de ne pas me faire participer aux prises de décisions concernant notre enfant, comme pour le casting et le premier jour de tournage de Tom le cancre. Oui j'ai eu tord de partir sans la prévenir, d'autant qu'elle a sanctionné cela en me privant de voir Mila pendant 3 mois après l'avoir récupéré (j'ai signalé notre position répondant de suite à son avis de recherche sur son mur Facebook à peine 1 heure après qu'elle l'ait diffusé) avant la fin de ma garde. Nous étions en camion sur le terrain des gens du voyage, il était aménagé pour y dormir, y cuisiner, dans de bonnes conditions de camping, j'avais aussi amené toute mes réserves de nourriture. Mila en garde un bon souvenir, elle a fait du poney, nous nous promenions au bord de la plage, prenions des douches à la capitainerie, et rencontrions pleins de gens sympathiques.

      Oui je suis parti en disant "j'abandonne le peuple de la marchandise", celui qui est prêt à sacrifier la nature, y compris la sienne, pour de l'argent et du pouvoir. Ce sont les mots d'un indien chaman d'Amazonie et je les reconnais comme vrais. Cette vérité fait mal, mais le mensonge tue (faire la guerre au nom de la paix par exemple). Oui je pleurais, et Mila en était inquiète, cependant dès que j'évoque avec elle les Saintes Maries de la mer elle a un grand sourire : partir comme cela a été libérateur, et oui je suis capable d'abandonner (sauf mon enfant) mon petit confort personnel !

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    2. (suite)

      Je ne vivais pas comme un clochard, je ne faisais pas la manche, j'ai fait l'expérience de vivre plus de 36 jours sans utiliser un seul cents d'euro. On m'appelait l'artiste aux Saintes. Je donnais des croquis et des galets sculptés et je refusais l'argent en échange. On faisait mes courses, on m'invitait au restaurant, on me donnait ce dont j'avais besoin. J'ai même rencontré Diourka Medveczky (l'ex-mari de Bernadette Lafont, un réalisateur encensé par la critique à son époque, sculpteur, artiste et maintenant homme des bois) qui m'a fait un demi-plein pour que j'aille essayer de voir Mila pour qui la situation évoluait dans une mentalité des plus malsaine. Je me suis alors heurté à ce que je connais de plus violent : être séparé par la force de mon enfant avec la complicité de la gendarmerie sous le prétexte de violation de domicile conjugal (sic) et son compagnon du moment m'a agressé physiquement, et ceci avant toute décision en justice.

      Oui je suis très fier d'avoir fait cette expérience de vivre sans argent, ou plutôt sans que l'argent vienne profaner les nombreux échanges d'alors. Pourquoi ? Car j'y ai trouvé confiance en des valeurs humaines ! Je préconise d'ailleurs de faire ce jeûne particulier afin de se libérer de l'emprise de cette valeur symbolique placée à la mesure de toute chose au lieu de garder mesure en toute chose (sobriété).

      Le lien manifeste entre la garde de notre enfant et le film est le fait que juste avant sa réalisation en juillet 2011 nous avions commencé une démarche de divorce par consentements mutuels fixant la garde alternée mise en place en juin 2010 et que c'est peu après que je me sois opposé à l'exploitation illégale de l'image de notre enfant qu'elle a fait sa requête en divorce justifiée par mon manque de moyens tout en me demandant de faire des excuses au responsable de l'entreprise qui a plus que contribué à cet état (avant que je ne perçoive un vieux droit au chômage que j'avais oublié, du coup la décision du juge est justifiée pour "conceptions opposées quant à l'éducation de notre enfant" ; il ne doit pas apprécié du tout la sobriété comme valeur humaine, ou être Franc-Maçon comme celui qui a fait une attestation en justice pour ma femme, l'autre étant ni plus ni moins que de la calomnie).

      Votre position d'anonyme ne me permet pas de vérifier que nous nous soyons effectivement croisés à Saint Montan ; ceci dit ma galerie ouvrira bientôt et je vous invite à y découvrir une partie de mon travail.

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Merci pour le commentaire!